Le déclin du français au Québec, c’est assez!

On apprenait hier avec stupéfaction que Statistique Canada prévoit un recul de presque 10 points de pourcentage en 25 ans pour le français dans l’ensemble du Québec! Les citoyens de langue maternelle française constitueraient entre 69 % et 72 % de la population en 2036, comparativement à 79 % en 2011. Le nombre de personnes ayant le français comme langue d’usage à la maison dans l’ensemble du Québec connaîtra lui aussi une baisse importante en passant de 82% en 2011 à environ 75% en 2036. C’est énorme!

Par contre, la proportion d’anglophones selon la langue d’usage grimpera de 10.7% à 13%, alors que la proportion de citoyens de langue maternelle anglaise au Québec serait à peu près stable (8,2 % en 2011, 7,9 % ou 8,8 % en 2036).

Ce qui menace le français au Québec n’est pas en soi l’augmentation de la proportion d’allophones, mais la force d’attraction disproportionnée de l’anglais. La proportion des transferts linguistiques des allophones vers le français est trop faible pour assurer sa pérennité par rapport à la langue anglaise. Alors que cette proportion devrait être de 90 %, elle n’était que de 51% en 2011. Ce pourcentage est d’ailleurs gonflé par la sélection d’immigrants déjà francisés avant leur arrivée au Québec et le fait que les allophones anglicisés ont davantage tendance à quitter le Québec.

En 2011, la population de langue d’usage anglaise était de 29% plus élevée que la population de langue maternelle anglaise, parce qu’une proportion importante des allophones adopte l’anglais comme langue parlée à la maison. En comparaison, la population de langue d’usage française ne faisait qu’un faible gain de 3% par rapport à la population de langue maternelle française. Et lorsqu’on observe l’évolution de ces données depuis 1971, on voit que l’écart entre le pouvoir d’attraction de l’anglais avec celui du français sur les allophones au Québec augmente continuellement.

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Le déclin du français à Montréal et au Québec résulte des affaiblissements systématiques qu’a subis la Charte de la langue française. La loi 101 visait à renforcer le pouvoir d’attraction et d’intégration du français en faisant du français non pas une langue officielle, mais plutôt la seule langue officielle du Québec, tout en permettant l’adoption de mesures d’exception pour la minorité historique anglophone.

Les lois linguistiques existent partout dans le monde, soit dans plus de 190 États et 110 pays. Dans la plupart des États, sur un territoire donné, une seule langue est utilisée dans l’éducation et les services publics. Le bilinguisme institutionnel (et non pas individuel) favorise invariablement l’assimilation progressive des langues minoritaires.

Dès l’établissement de la loi 101, le gouvernement fédéral est intervenu de toutes sortes de façons pour imposer le bilinguisme institutionnel au Québec et renforcer la langue anglaise, par exemple en finançant la guérilla juridique de puissants groupes de pression anglophones comme Alliance Québec et aujourd’hui le Quebec Community Groups Network (QCGN), ou par des jugements de la Cour suprême et la Constitution de 1982 imposée par le Canada anglais contre la volonté du Québec.

Nous ne pouvons pas continuer à jouer collectivement à l’autruche plus longtemps. Il est plus qu’urgent d’établir des mesures d’aménagement linguistique réellement susceptibles de renforcer le pouvoir d’attraction de la langue officielle au Québec, comme l’application de la loi 101 au cégep. Il est plus qu’urgent de passer à l’action. La mobilisation de toutes les organisations de la société civile et du peuple québécois sera nécessaire pour que le gouvernement du Québec mette fin à l’ambiguïté et qu’il agisse pour faire du français la véritable langue commune et intégratrice de tous les Québécois.

Mario Beaulieu
Député de La Pointe-de-l’Île
et porte-parole en matière de langues officielles

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