Lettre ouverte de la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois
Dans ce contexte actuel de tensions raciales, la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois a tenu à prendre position, car elle a pour mandat de s’adresser aux communautés immigrantes du Québec tout en tissant des ponts entre tous les Québécois et les Québécoises, quelle que soit leur origine.
Le racisme est basé sur une hiérarchisation théorique des individus selon leur race. Il attribue à certaines « races » des caractéristiques négatives, fondées sur des jugements de valeur. Nous condamnons sans retenue et sans équivoque tout comportement raciste ou discriminatoire au sein de notre société.
Accuser un individu d’être raciste, qui plus est un homme politique représentant une majorité d’électeurs dans son comté, est une accusation lourde de sens. Elle le discrédite personnellement et questionne son jugement et son impartialité dans l’exercice-même de ses fonctions.
Pour nous, le racisme est une idéologie monstrueuse qui a fait et fait encore souffrir beaucoup trop de personnes et de groupes ethniques dans le monde pour qu’il soit invoqué sous le coup d’une émotion et à des fins partisanes qui ne disent pas leur nom.
La Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois tient à rappeler que monsieur Yves-François Blanchet est le premier politicien souverainiste à reconnaître l’existence de la discrimination systémique au Canada. M. Blanchet est connu pour ses positions tempérées et réfléchies et pour son soutien aux communautés autochtones dans leur légitime combat contre la discrimination. Mardi dernier, prenant acte des conclusions des rapports de commissions révélant les nombreux abus perpétrés par les corps policiers envers les Premières Nations, il a dénoncé la « Loi sur les Indiens » comme « un exemple flagrant de racisme systémique ».
Nous aimerions à notre tour profiter de cette occasion pour rappeler haut et fort que la collaboration entre les partis politiques et les communautés culturelles est essentielle pour faire front commun contre ce fléau. En ce sens, les accusations et les insultes ne sont en rien constructives. Non seulement elles exacerbent les tensions, mais elles nuisent également à la compréhension des véritables enjeux en faisant dévier les échanges parlementaires loin de la réalité, tout en mettant l’accent sur les différends plutôt que sur une réflexion commune, documentée et argumentée. Il nous semble crucial, dans cette période, de garder la tête froide et nos mains franchement tendues, afin de peser chaque geste dans l’élaboration de nouvelles politiques qui brisent pour de bon les réflexes d’hier.
C’est dans cet esprit de collaboration fructueuse et de respect de la démocratie, où chacun peut émettre ses opinions et en débattre en vertu du mandat que ses électeurs lui ont confié, que la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois souhaite conserver à tout prix un dialogue ouvert et dépassionné qui mènera, nous l’espérons de tout cœur, à déconstruire les systèmes discriminatoires présents dans notre société.
Ainsi, dans un souci de respect des institutions et des processus parlementaires, la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois propose à la présidente du Comité permanent sur le racisme systémique que le chef du NPD et tout autre membre du Parlement qui souhaite s’exprimer sur cette question soient inscrits sur la liste des témoins afin que ce comité puisse rendre une décision éclairée et informée des expériences vécues par les personnes concernées. Ceci renforcera la légitimité de ses recommandations.
Le racisme n’épargne aucune société dans le monde. Il est du devoir des parlementaires de s’unir et d’apporter des solutions crédibles et durables pour empêcher son expansion et sa banalisation, pour le bien d’une société québécoise déjà dotée, dans sa grande majorité, de valeurs d’ouverture et d’inclusion.
– La Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois